Le space planner, ou « planificateur d’espace » si on le traduit littéralement de l’anglais, est un métier situé entre l’architecture et la décoration d’intérieur, et qui s’applique essentiellement aux espaces de travail : des bureaux du secteur privé (entreprises, associations) ou public (administrations), mais aussi des commerces (boutiques, centres commerciaux) et d’autres types d’espaces (galeries d’art, voire entrepôts).
En relation directe avec cette donnée centrale qu’est le prix du mètre carré dans l’immobilier, le space planner a d’abord pour mission d’optimiser l’utilisation de l’espace, pour le rendre plus pratique, plus ergonomique, plus utilisable par les différentes catégories d’usagers que sont d’une part les travailleurs et d’autre part les visiteurs de ces lieux.
Le space planner a également en charge le confort et l’esthétique, qui contribuent à la qualité du cadre de vie, ainsi que le respect des réglementations en vigueur notamment en termes de sécurité et d’accessibilité (adaptation des lieux aux diverses formes de handicap, normes PMR etc).
Diversifié dans ses tâches, le métier de space planner requiert des compétences en design d’espace, en communication (relation client) et en gestion de projet, une maîtrise des logiciels de conception de type CAO et du cadre règlementaire.
Au niveau des évolutions, l’essor du commerce en ligne a tendance à réduire le nombre de commerces de petite surface au profit des entrepôts et des grandes surfaces, tandis que l’extension du télétravail diminue les espaces de bureau puisqu’une partie croissante des salariés opèrent depuis leur domicile. Le marché du space planning a par conséquent tendance à se contracter, et il est difficile d’y percer.
Applications du space planning
Dans des bureaux
Pour des espaces de travail de type bureau, le space planner doit d’abord répartir les surfaces en fonction des besoins de chaque type de travailleur.
Imaginons par exemple le cas d’une grande agence web ayant 40 travailleurs. Elle se divise en services qui répondent à des besoins fonctionnels : une équipe de développeurs, une équipe de graphistes, une équipe de commerciaux, des cadres plus administratifs (secrétaire, comptable…), et des fonctions de direction ou de coordination.
Les équipements nécessaires à chaque métier varient : presque tout le monde a besoin de stations de travail informatique, certains passent une bonne partie de leur temps au téléphone et doivent donc être isolés acoustiquement, les graphistes ont besoin de panneaux d’affichages pour partager leurs moodboards et autres éléments d’inspiration. Certaines équipes vouées à une étroite collaboration, comme les développeurs et les graphistes, doivent aussi être physiquement proches en vue de faciliter leurs communications quotidiennes. Il faut aussi penser à la convivialité, à la solidarité interne, donc prévoir des lieux de repos et de convivialité comme par exemple une cafétéria ou une salle de jeu.
Dans des commerces
Dans les commerces se posent de nouvelles problématiques pour le space planner, car ces lieux ont deux types d’usagers : les employés d’une part et les clients d’autre part.
De plus, ces lieux sont la plupart du temps doubles : une partie est à usage public, la partie boutique, et une autre partie est à usage technique, c’est l’arrière-boutique, voire l’entrepôt de stockage. En sus, le planificateur d’espace doit aussi intégrer la question des circulations, celles des personnes comme celle des marchandises, et des outils pour les transporter.
Enfin, le space planner doit résoudre le double problème de l’accessibilité et de la visibilité des produits, donc concevoir des rayonnages à portée de main, des stands, des vitrines, des box, ou des podiums pour mettre en valeur certains produits, une signalétique ou un plan d’ensemble pour permettre aux clients de se repérer, etc.
Méthodes et concepts
Lors d’intenses discussions avec son client, le space planner doit d’abord faire la liste précise de tous les besoins de chaque usager.
Il doit ensuite intégrer l’ensemble des contraintes : celles d’ordre légal (issues de secours, accès fauteuil roulant…), celles d’ordre pratique (escaliers, hauteur des plafonds, insonorisation, répartition des poids, distribution de la lumière etc).
Il peut alors commencer à élaborer des plans d’aménagement, en 2D puis en 3D, incluant le découpage des surfaces, les cloisons et autres séparations, les moyens de circulation entre ces espaces, l’aménagement mobilier nécessaire à chaque fonction des lieux, les matériaux et couleurs (en tenant compte de la psychologie des couleurs : certains sont reposantes, d’autres tonifiantes mais fatigantes, etc).
Vient alors l’étape de concrétisation du projet. Le space planner – ou l’architecte d’intérieur, ou le décorateur – coordonne l’ensemble des métiers nécessaires sur le chantier – artisans, architectes, designers -, dont les interventions se font dans un certain ordre : l’électricité passe avant l’ameublement, par exemple.